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Dans le cadre de la Semaine de la formation à distance (FAD) 2025, le Pôle d’expertise interordres en formation à distance a tenu sa première Journée de travaux collaboratifs (JTC). L’objectif de cette journée était de réunir des personnes praticiennes et chercheuses, issues des milieux universitaire et collégial, intéressées par la FAD et prêtes à s’engager dans un processus collaboratif de mobilisation des connaissances et des compétences, en réalisant un projet qui répond aux besoins spécifiques des milieux.
À travers les séances de travail prévues, les trois groupes de cinq à six personnes participantes ont pu bénéficier du temps et de l’espace nécessaires pour approfondir leur réflexion sur l’un des trois thèmes choisis au préalable, soit la motivation et l’engagement, la compétence numérique et le bien-être numérique, dans un contexte de FAD. Elles ont produit une première ébauche d’un projet à développer, en collaboration avec l’équipe du Pôle d’expertise. En outre, une courte période d’échange avec des personnes observatrices était prévue à la fin de chaque bloc de travail. Une table ronde s’est tenue à la fin de la journée, pour présenter chacun des trois projets en germe.
L’appel à participation a été lancé dans les établissements universitaires et collégiaux, mais une majorité de personnes participantes provenait d’établissements universitaires. L’équipe du Pôle d’expertise a donc souhaité s’intéresser à l’expérience des personnes participantes provenant d’établissements collégiaux, en vue notamment de favoriser la collaboration interordres dans ses activités futures. Nous avons sollicité deux personnes issues du milieu collégial ayant participé à la JTC, qui ont accepté de partager leur expérience, leurs réflexions et leurs recommandations avec nous.
Catherine Viens est conseillère pédagogique en technopédagogie au cégep de Granby. Elle accompagne les personnes enseignantes en FAD, pour la formation continue et pour la reconnaissance des acquis en ligne. Elle a participé à la JTC pour le développement d’un projet sur le thème du bien-être numérique en FAD.
Steve Chenel est conseiller pédagogique au cégep de Rivière-du-Loup. Il s’occupe, entre autres, des programmes d’éducation physique, de loisir et d’informatique. Il se spécialise en technologie éducative. Il a participé à la JTC pour le développement d’un projet sur le thème de la motivation et de l’engagement en FAD.
Pôle d’expertise interordres en formation à distance : Qu’est-ce qui vous a motivés à vous inscrire pour participer à la JTC?
Steve : Je dirais que la proposition de départ m’a intéressé. Il était question de formation à distance et comme je m’occupe de Cégep virtuel et de la formation en loisir à Rivière-du-Loup et à Chicoutimi, qui est délocalisée, on a des besoins en ce qui concerne la FAD. En participant à la rencontre qui visait à déterminer les thèmes sur lesquels on allait travailler, j’ai été particulièrement interpellé par le thème de la motivation et de l’engagement. C’est une préoccupation vraiment centrale en formation à distance, on se demande comment motiver et engager les personnes étudiantes.
Catherine : De mon côté, le point majeur qui m’intéressait là-dedans, c’était la possibilité de faire des maillages entre le collégial et l’universitaire. Souvent, on a tendance à travailler chacun de son côté. Il y a quand même de plus en plus d’initiatives interordres, à Montréal ou dans d’autres régions. Dans notre cas, en Estrie, il y a de plus en plus de maillages qui se développent entre le cégep de Granby et l’Université de Sherbrooke, par exemple. Je trouvais intéressant d’avoir la possibilité de réfléchir à la pratique, à ce qui se passe sur le terrain, en relation avec la recherche. Les discussions nous permettraient de donner du sens à un thème qui nous préoccupe. Le thème du bien-être numérique m’a interpellée. C’est un enjeu que je trouve bien particulier, qui a pris beaucoup d’importance durant la pandémie. Dernièrement, on parle aussi beaucoup de la surutilisation des écrans chez les jeunes et de l’augmentation du télétravail. Je souhaitais donc comprendre ce qu’est le bien-être numérique. Ça touche tout le monde. On a tendance à parler uniquement des personnes étudiantes, mais on oublie que le corps professoral et les autres membres du personnel sont hyperconnectés aussi. Je voulais donc réfléchir à la place du bien-être numérique dans l’écosystème éducatif.
Pôle d’expertise : Quelle a été votre expérience de la JTC? Avez-vous senti qu’elle permettait réellement ces maillages entre cégep et université? Les discussions vous ont-elles permis d’approfondir votre réflexion, de réfléchir à des solutions aux enjeux soulevés en lien avec vos thèmes respectifs?
Catherine : Absolument. Dès le premier contact avec le groupe, j’ai pu constater une grande ouverture à discuter, à partager. Malgré le fait qu’on se connaissait généralement peu, les relations se sont créées rapidement. Cette facilité à discuter ensemble a vite permis de faire émerger des idées intéressantes. Après notre première rencontre, on est repartis avec de la documentation à lire et je me suis préparée pour être capable d’amorcer des discussions lors de la Journée, à partir des éléments que j’avais retenus. Pendant la Journée, comme certaines personnes du groupe avaient une plus grande expertise ou expérience en lien avec le bien-être numérique et que tout le monde avait eu accès au même dossier de recherche préalablement, on a pu aborder rapidement les points principaux. J’ai aussi senti que mon expérience de terrain était mise à contribution, qu’on accordait une place importante à la pratique dans les discussions, même si on s’appuyait sur la recherche. Ça nous a amenés sur des pistes concrètes, à un projet d’outil pour favoriser le bien-être numérique.
Pôle d’expertise : Steve, est-ce que tu as vécu l’expérience de la même manière ou est-ce que c’était différent pour toi?
Steve : Sur certains points, j’ai vécu une expérience similaire, mais il y a aussi des points divergents. Dans le passé, j’ai travaillé avec FADIO, un regroupement interordres qui inclut aussi le secteur des jeunes, j’ai donc l’habitude de la collaboration entre les différents milieux éducatifs. La personne étudiante est au centre de nos préoccupations et de nos réflexions, même si on travaille dans des milieux différents, on se rejoint sur plusieurs points et en particulier sur les questions d’engagement et de motivation. Personnellement, j’ai besoin de plus de temps avant d’être prêt à m’impliquer activement dans une discussion, alors j’ai senti que les choses se déroulaient un peu vite durant la journée. J’aurais eu besoin de plus de temps de réflexion. Par contre, j’ai beaucoup apprécié l’apport des personnes observatrices. D’emblée, j’avais des réticences par rapport à leur présence, puisque leur rôle me semblait nébuleux. Finalement, je me suis dit que ça pouvait être une belle occasion pour les personnes qui ont le désir de participer au développement du projet, sans se sentir expertes sur le sujet, tout en découvrant le fonctionnement d’un groupe de travail collaboratif. Les commentaires des personnes observatrices ont véritablement enrichi nos discussions. Pour une prochaine édition, c’est une option que j’envisage pour moi-même. Aussi, j’ai beaucoup apprécié le dossier de recherche qui nous a été remis au préalable. Comme on partait tous de points différents et qu’on avait des expériences et des compétences variées, c’était utile de pouvoir partir d’une base théorique commune pour la discussion. Ça nous a pris un moment avant de pouvoir vraiment se lancer dans le développement d’un projet concret, mais avec cette base-là, nos trois séances de travail d’une heure ont quand même été très productives.
Pôle d’expertise : À quoi ressemblait la composition de vos groupes?
Catherine : Dans mon groupe, il y avait deux professeurs-chercheurs, puis deux autres personnes qui avaient des rôles de direction des services d’accompagnement en FAD dans un établissement d’enseignement supérieur. Au départ, j’avais des idées préconçues par rapport à la teneur des discussions. Je craignais qu’on ne parle que de la recherche et des articles scientifiques qu’on avait lus. En fait, j’étais en présence de personnes enseignantes, chercheuses et professionnelles très actives sur le terrain. Ça nous a permis de passer rapidement et facilement à la mise en action, plutôt que de ne mettre l’accent que sur des discussions portant sur la recherche.
Steve : Je pourrais copier-coller la réponse de Catherine! Deux membres de mon groupe étaient des professeurs-chercheurs universitaires, donc ils avaient une connaissance plus approfondie du sujet, mais avec moi qui suis davantage un praticien et les autres membres du groupe, c’était vraiment équilibré. Ça nous a permis d’avancer plus rapidement. C’est vrai qu’on aurait pu s’attendre à ce que les discussions soient plus théoriques, mais les chercheurs avec qui on a travaillé avaient aussi une expérience terrain en FAD. L’une d’entre elles avait occupé un poste de direction, ce qui fait en sorte qu’on avait accès à des points de vue variés. En plus, la présence de personnes observatrices nous a permis d’enrichir notre réflexion, puisque leurs commentaires nous ramenaient aux besoins sur le terrain.
Pôle d’expertise : Catherine, dans ton groupe, il y avait aussi des personnes observatrices, mais il me semble qu’elles étaient moins nombreuses.
Catherine : Oui, seulement deux ou trois personnes, dont une est partie en après-midi. Pour une prochaine édition, il me semble qu’il serait pertinent de donner plus d’espace aux personnes observatrices, de mieux définir leur rôle, pour qu’elles se sentent accueillies et à l’aise d’intervenir durant les séances de travail. Outre les courtes périodes d’échange à la fin des séances, il serait intéressant de pouvoir interagir tout au long de la journée pour bénéficier de leur bagage. En définissant mieux leur rôle, je crois qu’on pourrait mieux les intégrer dans le processus de réflexion et même, éventuellement, dans le développement du projet, si elles le souhaitent.
Pôle d’expertise : De manière plus générale, comment voyez-vous la collaboration entre le milieu collégial et le milieu universitaire? Pensez-vous qu’une telle collaboration peut faciliter le transfert et la mobilisation des connaissances en FAD?
Steve : On a rarement l’occasion de collaborer et je trouve ça extraordinaire qu’on crée des espaces pour la collaboration interordres. Nos personnes étudiantes passent du secondaire au cégep, puis à l’université et, même si ce sont des réalités différentes, leurs besoins restent globalement les mêmes. Dans notre groupe, on s’est intéressés à la motivation et à l’engagement, qui sont des éléments essentiels en formation, qu’on ait 18 ou 48 ans. Comme professionnel, ça me fait grandir de connaître la perspective du secteur des jeunes, comme celle du milieu universitaire. Je crois qu’il devrait y avoir davantage d’initiatives interordres comme celle-ci, pour construire une vision commune de l’éducation.
Catherine : Dans mon cas, je vois aussi beaucoup d’avantages à la collaboration interordres, d’autant plus que je travaille avec des personnes apprenantes adultes, qui ont des besoins similaires à celles du niveau universitaire, puisqu’elles partagent souvent leur temps entre leurs études et leur emploi. C’est intéressant aussi d’aller au-delà des ordres d’enseignement pour replacer la pédagogie au cœur de nos pratiques. Peu importe qu’on travaille en milieu collégial ou universitaire, qu’on souhaite intégrer la FAD ou un nouvel outil numérique, il faut toujours revenir à la base de la pédagogie. On peut toujours profiter de l’expérience des uns et des autres, peu importe le milieu, en adaptant les interventions. En plus, dans le contexte de la FAD, il y a tellement d’initiatives qui se développent et c’est parfois difficile à suivre. On gagnerait à travailler ensemble et à partager nos ressources, pour ne pas dupliquer les efforts. Ça permettrait de développer le réflexe de faire appel à nos collègues des autres ordres d’enseignement, pour enrichir nos outils et nos pratiques.
Pôle d’expertise : Pour revenir aux projets qui ont été ébauchés durant la JTC, comment envisagez-vous votre rôle dans leur développement?
Steve : Je dirais qu’à la fin de la journée, j’étais ambivalent. J’avais l’impression de ne pas avoir contribué autant que les autres et je voyais moins clairement la valeur de ma contribution. Après réflexion, je pense que mon expérience sur le terrain en milieu collégial est vraiment pertinente pour le projet. Je crois beaucoup à l’outil, un questionnaire sur la motivation étudiante et des ressources personnalisées en réponse aux résultats du questionnaire. Je trouve que c’est utile et pertinent et j’ai donc envie de m’impliquer.
Catherine : Pour ma part, mon implication dépendra de l’ampleur que prendra le projet. On veut créer des capsules-témoignages sur le bien-être numérique auxquelles seraient jointes des ressources pertinentes. Ça peut être assez simple, comme ça peut être un projet de moyenne ampleur, mais dans tous les cas, ça demandera des ressources financières, du temps et des ressources humaines. Ce qui est intéressant, c’est que dans mon groupe, des personnes se sont montrées volontaires pour porter le projet, puisqu’elles ont déjà développé des ressources similaires. En contribuant au développement de ce projet, j’explore moi-même davantage l’étendue des possibilités par rapport au thème sur lequel on a travaillé. Comme je le disais, au départ, j’avais une vision assez étroite du bien-être numérique, mais maintenant, je le conçois de manière beaucoup plus globale et je pense que je peux aussi contribuer à la réflexion.
Pôle d’expertise : Est-ce que vous avez d’autres pistes d’amélioration à suggérer pour la JTC?
Steve : De mon côté, j’aurais pris plus de temps de préparation. J’ai beaucoup apprécié le dossier de recherche, mais j’aurais aimé avoir plus de temps avec mes collègues avant la JTC, pour établir notre vision commune et gagner du temps pendant les séances de travail. Durant la première séance, on a beaucoup parlé du concept de motivation et j’aurais aimé qu’on plonge plus rapidement dans le projet concret. Aussi, j’aurais aimé avoir plus de temps de réflexion entre les séances de travail. Les discussions étaient assez chargées et ça m’aurait été utile de pouvoir réfléchir davantage d’une séance à l’autre.
Catherine : Tout le processus qui a mené à la JTC était très intéressant, puis la journée elle-même et les discussions qu’on a eues étaient vraiment enrichissantes. Comme Steve, j’aurais aimé avoir plus de temps de préparation et plus d’encadrement en amont de l’événement. J’aurais souhaité pouvoir faire toutes les lectures suggérées et arriver mieux préparée. De cette manière, on aurait pu passer plus rapidement au projet concret. Aussi, j’avais une crainte d’être épuisée pour la deuxième moitié de la journée et je pense que ça nous aurait aidés de faire le travail sur deux demi-journées, pour qu’elles soient plus productives. Finalement, la séance de l’après-midi s’est bien déroulée, même si j’étais un peu fatiguée de la matinée! En définitive, ça reste une expérience qui m’a agréablement surprise. J’avais des appréhensions quand j’ai vu le dossier de recherche et que j’ai constaté que je serais entourée de personnes chercheuses. Je me suis demandé quelle était ma place, en tant que praticienne. Au moment d’entamer les discussions, j’ai vite compris que la pratique serait au centre de nos préoccupations et que la recherche serait mise au service de la pratique.
Les projets issus de la JTC sont en cours et leurs objectifs sont prometteurs. Il s’agit de capsules-témoignages sur le bien-être numérique et de questionnaires sur la motivation étudiante en FAD. L’implication de Catherine et de Steve permettra d’en assurer le caractère interordres.
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